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Réchauffement climatique

Quels leviers pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de mon atelier laitier ?

par Nadège GODFROY

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En France, l’agriculture est le 3ème secteur émetteur de gaz à effet de serre (GES). L’élevage de bovins est responsable de 9 % des émissions nationales. Quels sont les leviers à actionner pour réduire les émissions de GES de votre atelier laitier ? Pour quel rapport efficacité / coût ?

Qu’est-ce que l’empreinte carbone ?

Il s’agit de la différence entre les émissions de GES et du stockage de carbone. L’unité de l’empreinte carbone est le kilogramme équivalent CO2 (kg eq. CO2).

Pour améliorer son empreinte carbone, il est donc possible de jouer sur deux leviers :

Optimiser son système 

La réduction des émissions passe par une optimisation du système. Côté conduite d’élevage, il s’agit d’optimiser les rations (quantité de concentrés). Travailler sur la qualité des fourrages récoltés contribue à réduire la quantité de concentrés à distribuer selon la productivité laitière et l’âge au 1er vêlage. Privilégier des concentrés européens permet de limiter les imports et la déforestation (notamment pour le tourteau de soja). Ajuster la teneur en MAT de la ration est un levier avec un fort impact, car une ration excédentaire en MAT entraine des pertes d’azote importantes au niveau des effluents, avec des répercutions jusque sur la fertilisation organique et les pertes par volatilisation qui vont de pair.

La gestion des effectifs improductifs est également un levier prioritaire. Mettre en adéquation le taux de renouvellement et l’âge au premier vêlage avec le système de l’exploitation permet de limiter les émissions de GES liés à ces animaux improductifs consommateurs de fourrages et de concentrés et émetteurs de GES. L’aspect sanitaire est à garder à l’esprit : le lait non produit à cause de boiteries par exemple, ou le lait détourné à cause de mammites détériore la performance environnementale de l’exploitation. Il s’agit de permettre aux animaux d’exprimer leur potentiel laitier.

Côté végétal, l’optimisation des quantités d’engrais (organique et minéral) apportées est un de principaux leviers pour réduire les émissions de GES. Cela passe par une mise en adéquation entre les quantités épandues et les besoins réels des cultures (et pas des rendements espéré). Les engrais organiques sont trop souvent considérés à tort comme des déchets et, de fait, mal valorisés.

Réduire les consommations d’énergie

Enfin, un poste transverse : les consommations d’énergies directes (fioul, électricité). Réduire la consommation électrique peut passer par des investissements dans des récupérateurs de chaleur ou des pré-refroidisseurs. La conception de la laiterie et son aération sont également des moyens pour réduire les consommations électriques du tank à lait, qui représente à lui seul près de la moitié des kWh consommés par le bloc traite. Pour réduire les consommations de carburant, plusieurs pistes d’action sont envisageables : mettre en adéquation la puissance des tracteurs utilisés avec le chantier à réaliser, rouler de façon plus économe, faire passer régulièrement les tracteurs au banc d’essai afin de déceler des anomalies ou des dysfonctionnements.

Des leviers, oui, mais pour quels impacts ?

Ces différents leviers ne sont pas tous aussi efficaces sur les émissions de GES.

Leviers

Potentiel de réduction sur les émissions de GES

Gestion du troupeau (animaux improductifs, sanitaire…)

10 à 15 %

Alimentation du troupeau (quantité et nature des concentrés, autonomie protéique…)

2 à 4 %

Conduite des cultures (adéquation rendements / fertilisation…)

3 à 4 %

Consommation d’énergies (carburant, électricité)

1 à 2 %

Source : IDELE

Les études économiques issues du programme Carbon Dairy (2013-2018) ont démontré le fort lien entre technique, économique et environnement. En moyenne, une réduction de 1 % des émissions de GES correspond à une économie de 1 €/1000 litres sur les charges opérationnelles, sans dégradation du produit.

Les éleveurs sont de plus en plus nombreux à entrer dans la démarche Ferme Laitière Bas Carbone. Optimiser techniquement et économiquement son système, tout en améliorant l’impact environnemental de son exploitation : une thématique gagnant-gagnant !

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